TEXTES ILLUSTRES :
GRANDS FORMATS POUR LES ADOLESCENTS
L'on entend souvent
dire que les adolescents lisent peu ou pas.
Le Monde des Livres du 30 novembre 2012 titre :"Ados: zéro de lecture?
" . Et dans l'article l'on peut lire : "Les études récentes sont formelles : bien souvent, arrivé à
l'adolescence, un jeune homme abandonne le livre. Y a-t-il un déplacement des
centres d'intérêt ? Internet et autres écrans ont-ils pris la place du livre ?
14,5% des enfants de 11 ans disent "ne jamais ou presque jamais lire un
livre" et ils sont, catastrophe ! 46,5%, six ans plus tard, à témoigner
sans fard de leur désintérêt. ». Ce désintérêt va même jusqu'au rejet
des textes illustrés que les adolescents considèrent comme des albums pour les
petits.
Or, comme l'écrit
Hélène Sagnet dans la revue Lecture Jeune n°119 de septembre * : "L'album est un genre d'une formidable
inventivité plastique et narrative. Les artistes se sont emparés de cet espace
de création et y ont réinvesti des techniques et des conceptions multiples,
semblant faire fi au passage des classifications d'âge. On peut repérer
dans cette production nombre d'œuvres qui, de par leur thématique, leur
écriture, leurs références, ne s'adressent pas aux plus petits et sont à même
de toucher un public d'adolescents."
Et dans cette même
revue, Sophie Van der Linden écrit, à propos de l'album, dans l'article
intitulé " Une création en prise
avec son époque " : "
L'album offre un rapport singulier à la lecture et la rencontre du texte et de
l'image s'inscrit de façon signifiante dans la culture actuelle."
Nous voulons penser
que les adolescents sauront apprécier des albums qui leur parlent d'eux-mêmes,
du passé, de la beauté, ou des problèmes du monde qui les entoure et seront
séduits par la qualité des textes et des illustrations.
* http://www.lecturejeunesse.com/index1024.php?page=revue_archives&menu=1&num_revue=28
Hocus pocus
Les illustrations en noir, blanc et rouge sont magnifiques.
Un bonheur à dévorer sans modération. Chacun peut se retrouver
dans l’une ou l’autre histoire, mais c’est là tout l’intérêt d’un conte,
non ?
Auteur-illustrateur : Elzbieta –
éditeur : Rouergue - nov 2009
Saltimbanques
Auteure Marie
Desplechin
Orphée et la morsure du serpent
Là où vont nos pères
Saltimbanques
Illustratrice Emmanuelle Houdart
Editions Thierry Magnier 2011
Sortis tout droit de l’imaginaire
d’Emmanuelle Houdart, onze personnages extraordinaires, aux corps difformes,
affublés d’immenses têtes, vêtus de costumes aux motifs et aux couleurs magnifiques, recouverts de
plumes, de poils, de corail ou de végétaux ont été confiés ensuite à l’auteure
Marie Desplechin.
Et une histoire est née, des
liens inattendus se sont créés, formant une troupe inattendue : une femme
à barbe, des sœurs siamoises, un colosse, un homme tronc, une lilliputienne,
une diseuse de bonne aventure, une ventriloque, un dresseur de chats, une
sirène et un acrobate, portraits étranges et fascinants d’une famille
d’artistes.
Un narrateur, tel un Monsieur
Loyal, sert de fil conducteur et nous
fait découvrir d’un récit de vie à l’autre, ce qui unit ces onze
personnages.
Ainsi les histoires d’artistes
hors normes se croisent et de cette création partagée est né cet album époustouflant, empreint d’humour tendre
et de poésie.
Mais l’aventure ne s’arrête pas
là !
En écho à ces personnages tendres
et ironiques, le chorégraphe Thierry
Thieu Niang a imaginé lui-aussi une création partagée : un conte dansé
s’inspirant des personnages de
Saltimbanques, mêlant danseurs amateurs et professionnels de quatre générations
confondues et faisant appel à la comédienne Ariane Ascaride, récitante des textes de Marie Desplechin.
Cette aventure itinérante, coproduite
par le théâtre de la Comédie de Valence et par le Conseil Général de Seine
Saint Denis, sera présentée le 30 janvier à la salle des fêtes de Largentière
et le jeudi 31 janvier à 19h à Saint Jean le Centenier.
(A voir en famille à partir de 7
ans.)
Orphée et la morsure du serpent
Yvan Pommaux auteur
Nicole Pommaux illustratrice
Ecole des loisirs 2009
Autre coup de cœur : l’Orphée d’Yvan Pommaux
qui permet une redécouverte d’une des plus belles histoires de la mythologie.
L’auteur établit un
parallèle entre une situation contemporaine et un des mythes fondateurs de
notre société. Le lecteur est invité à remonter le cours du temps pour
rencontrer le chien Cerbère, gardien des Enfers, Tityos et les vautours
acharnés, Sisyphe et son rocher ou les Danaïdes et leurs tonneaux percés.
La première page s’ouvre sur une maison actuelle, théâtre
d’une fête où se déroulent les noces d’un jeune couple.
Seul, un jeune homme semble malheureux : il est en
effet amoureux de la mariée. Mais, lorsqu’il l’entraine pour lui avouer son
amour, la jeune fille, fâchée, s’échappe et est mordue par un serpent.
Une autre jeune fille s’approche alors de lui et le
rassure : « Tu ne t’appelles pas Aristée et la mariée ne s’appelle
pas Eurydice »
Et elle lui raconte alors la légende d’Orphée, fils du roi
de Thrace et de Callige, qui rendait folles toutes les femmes par la beauté de
son chant mais qui n’en aimait qu’une, son épouse Eurydice.
Aussi, le jour où celle-ci, mordue par un serpent, dut
partir pour le royaume des Morts, Orphée décida d’aller la chercher. Et l’on
connaît la suite…ou bien on se presse de la découvrir !
Yvan Pommeaux nous livre là un bel album au dessin raffiné. La mise en page,
le choix des couleurs, le sens du détail, l’illustration pleine de poésie et
bien sûr le texte superbe renforcent la beauté du mythe.
Les chaussures
Cet album tout en hauteur, magnifiquement
illustré, évoque tout ce que la vie porte de cruautés, guerres,
persécutions, enfermements, exode puis d’espoir, « vu » par une paire de chaussures d’enfants. Il peut être
apprécié par des collégiens qui y trouveront matière à éprouver et à
comprendre.
« Elles étaient perdues.
Toutes recroquevillées dans la neige
et le froid de l’hiver….
Deux chaussures de petite taille
qui ne voulaient plus avancer. »
Ainsi commence
l’histoire sur une double page où, dans
des camaïeux de gris, sont représentées en
plongée les rues d’une ville sur pilotis. La petite fille aux chaussures rouges semble bien minuscule là où la guerre fait
rage!
Les illustrations recouvrent
toutes les pages de ce bel album et accompagnent la poésie des textes courts
mis en surimpression : tons sombres des premières pages quand la petite
fille doit se cacher, puis fuir, tons qui s’éclaircissent quand l’hiver et la
neige arrivent ; puis, place aux
tonalités plus chaudes du rouge quand l’espoir revient, avec la fin de la
guerre.
Les chaussures rencontrent alors,
dans la ville qui renaît, les mains d’un cordonnier :
« Puis elles les ont
caressées tendrement avec leurs doigts
qui s’y connaissent en peau de souliers […]
[…]Alors devant la boutique du vieux cordonnier,
deux petites chaussures se sont mises à danser »
Auteurs : Gigi Bigot,
Pépito Matéo - Illustratrice :
Isabelle Chatellard - Editeur : Didier, 2010
Les auteurs de cet album
reversent leurs droits à la CIMADE (Comité inter-mouvements auprès des évacués).
Thiên An ou
la grande traversée. Du Vietnam à Paris XIIIème
Auteure : Valentine Goby – illustrateur : Ronan Badel
Editeur : Autrement - Collection :Français d'ailleurs - 2009
Cet album fait partie de la collection FRANÇAIS D'AILLEURS
aux éditions Autrement, une nouvelle collection de docu-fictions sur l’histoire
de l’immigration en France, pour les enfants de 9 à 13 ans, en collaboration
avec la Cité nationale de l’histoire de l’immigration. 10 titres ont
actuellement vu le jour.
1979, au collège, Thiên An
d’origine vietnamienne a une rédaction à faire sur un sujet qui ne
l’inspire pas beaucoup : "Racontez une grande épreuve physique".
Il va choisir de raconter son épreuve, quand il a dû fuir le régime communiste
pour venir se réfugier en France.
Avec son père, il a fait partie des boat people,
ces vietnamiens qui se sont embarqués sur des radeaux de fortune, à la fin des
années 1970. Beaucoup sont morts de faim, de déshydratation, ou encore attaqués
par des pirates. Arrivés en Malaisie et accueillis dans des camps, ils ont
ensuite rejoint la France par avion. Sa mère et ses petits frères sont en route
pour entreprendre le même terrible voyage afin de les rejoindre en France…
Le récit
mêle la vie quotidienne à Paris et les souvenirs du voyage. C’est Thiën An qui
raconte.
Il écrit sur des feuilles à petits carreaux,
avec des croquis, des dessins, des peintures à l’eau ; il met des
légendes. C’est présenté comme le journal intime d’un jeune garçon et c’est
très émouvant.
A la fin du livre, il y a un dossier bien documenté sur
l'immigration vietnamienne en France : histoire, informations culturelles
et photos d'époque.
AUTEUR : IRÈNE COHEN-JANCA - ILLUSTRATEUR : MAURIZIO A.C.
QUARELLO
EDITEUR : ROUERGUE - COLLECTION : VARIA – 2009
Le livre a été écrit suite à un article de Laurent
Greilsamer, paru dans le Monde du 9
octobre 2007 intitulé LES ARBRES PLEURENT
AUSSI :
«[…] Un arbre, cela peut s'admirer, cela peut
s'aimer. Un arbre, c'est une source d'énergie, de vie et de beauté. On y pense
en apprenant que le marronnier, situé dans la cour de la Maison d'Anne Frank,
est en sursis. Cet arbre-là n'est pas tout à fait un arbre comme un autre.
C'était bien l'un des rares pans de nature que la jeune adolescente juive,
recluse durant deux ans dans un grenier d'Amsterdam pendant la seconde guerre
mondiale, pouvait regarder en laissant flotter son imagination. Elle y avait sa
place préférée et elle note dans son Journal, à la date du 23 février 1944,
alors qu'elle est en compagnie de Peter : « Nous avons regardé tous les deux le bleu magnifique du ciel, le
marronnier dénudé aux branches duquel scintillaient de petites gouttes, les
mouettes et d'autres oiseaux, qui semblaient d'argent dans le soleil et tout
cela nous émouvait et nous saisissait tous deux à tel point que nous ne
pouvions plus parler. »
Le 13 mai 1944, elle note encore : « Notre marronnier est totalement
en fleur ; de haut en bas, il est bourré de feuilles et beaucoup plus beau que
l'an dernier. » Cet arbre, âgé de 150 ans,
est aujourd'hui malade au point qu'il est question de l'abattre. Mais peut-on
couper l'arbre d'Anne Frank ? N'est-il pas devenu le symbole d'une réclusion et
de la liberté ? N'était-il pas un grand frère, un confident, un consolateur ?
N'a-t-elle pas écrit : « Aussi
longtemps que ceci dure et que je puis en profiter, ces rayons de soleil, ce
ciel sans aucun nuage, il m'est impossible d'être triste. »
[…]Mais l'arbre d'Anne
Frank a trouvé des défenseurs. Tout sauf la mort ! Un traitement et une
structure légère de soutien, disent-ils, pourraient sauver le marronnier.
L'Institut Anne-Frank a obtenu un délai, jusqu'au 1er janvier, pour faire une
proposition. »
C’est le marronnier qui parle dans l’album ; ses paroles
sont pleines d’émotion et elles sont mêlées aux phrases extraites du journal d’Anne Franck, tout aussi émouvantes.
Actualité de la maladie de l’arbre mise en parallèle avec l’histoire tragique
de la jeune juive.
Les illustrations pleines de délicatesse, aux traits fins
et fragiles, accentuent la poésie de l’ensemble.
Une réussite que ce beau texte illustré, à recommander aux
collégiens ; il pourra compléter la lecture du journal d’Anne Franck.
Auteur et illustrateur: Peter Sis - Traductrice : Alice Marchand
Editeur : Grasset Jeunesse 2007
Peter Sis est né en 1949 et a grandi à Prague pendant la guerre froide,
en Tchécoslovaquie occupée par les russes. « Je
suis né au moment où tout a commencé, du côté rouge – le côté communiste – du
rideau de fer. »
Il a su décrire cette période jusqu’à la chute du mur en 1989 avec une
inventivité extraordinaire.
Entre ces deux phrases :« Aussi
loin que remontaient ses souvenirs, il avait toujours aimé dessiner –
Aussi longtemps qu’il aura des souvenirs, il continuera à dessiner »,
il raconte en dessins avec brio toute sa jeunesse en
utilisant des moyens très variés :
planches de crayonnés en noir et blanc avec
seulement le rouge des drapeaux, des étoiles, des foulards des pionniers au
moment du rideau de fer. Le multicolore évoque l’ouest et le rêve d’un monde
libre.
Peter Sis diversifie la forme des vignettes, la
typographie des textes qui accompagnent les vignettes, la taille des dessins en
fonction de ce qu’il veut exprimer.
Il ponctue chacune des trois périodes de son
enfance à Prague par une double page faisant ressentir l’ambiance de la
période : nuage rouge dans lequel sont représentés Staline, Khrouchtchev,
Gagarine, Brejnev…. , page très colorée pour
tout ce qui évoquait l’ouest : Les Beatles, voyage, art, poésie … ,page du
mur grignoté avec un petit cycliste ailé qui le survole. « PARFOIS ,
LES REVES SE REALISENT »
Et, chaque période est ponctuée d’« extraits
de mes carnets », entourés de multiples cadres où sont mises des photos,
des dessins de l’auteur à l’époque.
C'est un album très riche et émouvant, qui mérite
une lecture commentée.
Aucun détail n’est mis au hasard ; chaque
double page est à regarder attentivement, explorer, lire, et relire. Tout y est
dit et montré sur l’oppression dans le bloc communiste, les rêves, les espoirs
d’une génération.
A voir une vidéo réalisée par Peter Sis pour cet album
sur : http://www.youtube.com/watch?v=sMqgV5vEglQ
|
Le messager des étoiles
Auteur : Peter Sis - Editeur : Grasset - 1996
Merveilleux album, tant par le sujet que par la mise en page
et les illustrations.
Le sujet : la vie de Galilée ; la chronologie et les repères
principaux de son époque nous sont présentés très simplement, en quelques
phrases et en de magnifiques illustrations.
La mise en page utilise deux polices de caractères : on peut
alors parcourir le livre avec un fil conducteur en bas de page dans une police
de caractères classique. Les anecdotes ou les compléments d'information sont en
police cursive et seront à lire soit directement sur l'illustration (qui occupe
les trois-quarts de la double page) soit dans une marge à gauche de la double
page : il faudra alors tourner le livre une ou plusieurs fois sur lui-même pour
déchiffrer.
Enfin, chaque illustration, à cheval sur les deux pages est
un monde, un univers même ! Le graphisme est délicat, tout en petites touches,
dans des tons ocres-beiges-bleus. On dirait des gravures. Des détails
surprenants à chaque centimètre carré ! Ces illustrations nous invitent à
plonger directement dans le temps, l'univers, les interrogations de Galiléo
Galiléi.
Cet album nous pousse aussi à réfléchir sur le courage des
découvreurs et des inventeurs qui se sont battus contre l'obscurantisme et
l'ignorance, au risque de leur vie : condamné par l'Eglise de Rome, Galilée n'a
été réhabilité qu'en 1992 !
Un bon livre pour les jeunes curieux qui vont appréhender
leur univers d'un autre œil.
Muet sur plus de 100
pages, cet album nous fait approcher l'itinéraire d'un migrant. Un homme quitte
femme et enfants et arrive dans une civilisation qu'il ne connait pas et ne comprend pas.
C’est aussi l'histoire de tous les immigrés, tous les
réfugiés, tous les exilés, et un hommage à ceux qui ont fait le voyage...
Grâce à la beauté des dessins dans des teintes sépia et l’agencement des vignettes, l’ambiance fait ressentir, presque physiquement, le déracinement et l'incompréhension.
Grâce à la beauté des dessins dans des teintes sépia et l’agencement des vignettes, l’ambiance fait ressentir, presque physiquement, le déracinement et l'incompréhension.
Il peut être apprécié par de jeunes lecteurs et les
sensibiliser à ceux qui sont
« d’ailleurs ».
Shaun TAN est un
auteur de bande dessinée et illustrateur australien. Il travaille aussi dans
des studios de dessins animés (Toy Story, Les Indestructibles, L'Âge de
Glace...).
« Ce livre est en
fait basé sur des faits avérés, racontés par plusieurs immigrés. Mon intention
était d'essayer de combiner tous ces voyages en une seule histoire universelle,
qui pourrait transcender toutes spécificités linguistiques, culturelles,
temporelles ou géographiques. Mon intérêt pour ce sujet vient des histoires que
mon père me racontait sur son voyage depuis la Malaisie vers l'Australie, puis
s'est élargi vers l'immigration de manière plus générale. Je me suis particulièrement
intéressé aux histoires d'immigrés voyageant vers New York au début du 20ème
siècle, pour fuir la guerre, l'oppression et la pauvreté en Europe. Ce fut 4/5 ans de travail…… » Shaun TAN
Auteur : Shaun
TAN – Editeur : Dargaud – 2007
Au
pays de la mémoire blanche
Un album étrange et poétique qui peut plaire aux lycéens, tant il est
prenant par les textes et les vignettes magnifiques ! Il y est question
d’identité, de liberté, de résistance aussi.
Rousseau, rescapé d’un attentat, se réveille couvert de bandelettes
dans une chambre d’hôpital. Côté mémoire, c’est le blanc total. Question
identité, il découvre sur ses papiers qu’il fait partie des “chiens”, tandis
que les “chats” sont les réprouvés d’un monde violent et policier où les murs
poussent le temps d’un songe. Commence alors une longue quête personnelle
teintée de fantastique, tandis que les chats luttent pour leur liberté. Grâce à
sa “mémoire blanche”, Rousseau va regarder le monde d’un œil neuf et peut-être,
pouvoir le changer. (quatrième de couverture)
Stéphane Poulin décrit le
processus de création
(sur le site :
http://www.ricochet-jeunes.org/livres/livre/44535) :
« Nous sommes souvent confrontés au "temps" lorsqu'il s'agit de réaliser un livre. Cette contrainte est plutôt frustrante parce que je sens souvent que je ne suis pas allé "au bout.[…] Je désirais donc pouvoir réaliser un livre qui ne tiendrait pas compte de ces limites.
« Nous sommes souvent confrontés au "temps" lorsqu'il s'agit de réaliser un livre. Cette contrainte est plutôt frustrante parce que je sens souvent que je ne suis pas allé "au bout.[…] Je désirais donc pouvoir réaliser un livre qui ne tiendrait pas compte de ces limites.
Carl et moi avons travaillé durant trois ans (à
plein temps, en ce qui me concerne) à la réalisation d'une maquette noir et
blanc du livre sans contrat (sans argent) et sans éditeur. Nous échangions par
courriels les textes et les esquisses. Le livre s'est "arrêté de
lui-même" au bout de trois ans.
Nous avions une version complète du livre, très achevée et entièrement réalisée au crayon de plomb que nous avons présentée aux éditions Sarbacane.[…] Ils ont immédiatement accepté notre livre et il a même fallu les convaincre de me laisser du temps pour tout mettre en couleur. Les gens de Sarbacane m'ont versé une avance et m'ont accompagné durant deux ans pour la mise en couleur des planches.
Pour ceux qui s’intéressent à l’aspect technique :
« Les illustrations sont des huiles sur toile. La réalisation d'une seule page demande en moyenne une semaine de travail pour l'esquisse et une autre semaine pour la couleur. La technique employée pour l'huile est sensiblement la même que celle employée au 16e siècle par les peintres flamands et consiste en une succession de fines couches de couleurs appliquées les unes par-dessus les autres afin d'obtenir un fini "velouté" », explique Stéphane Poulin.
Nous avions une version complète du livre, très achevée et entièrement réalisée au crayon de plomb que nous avons présentée aux éditions Sarbacane.[…] Ils ont immédiatement accepté notre livre et il a même fallu les convaincre de me laisser du temps pour tout mettre en couleur. Les gens de Sarbacane m'ont versé une avance et m'ont accompagné durant deux ans pour la mise en couleur des planches.
Pour ceux qui s’intéressent à l’aspect technique :
« Les illustrations sont des huiles sur toile. La réalisation d'une seule page demande en moyenne une semaine de travail pour l'esquisse et une autre semaine pour la couleur. La technique employée pour l'huile est sensiblement la même que celle employée au 16e siècle par les peintres flamands et consiste en une succession de fines couches de couleurs appliquées les unes par-dessus les autres afin d'obtenir un fini "velouté" », explique Stéphane Poulin.
Auteur : Carl Norac – Illustrateur : Stéphane Poulin –
Editeur : Sarbacane en coédition
avec Amnesty International – 2011
La maison
1656, 1900, …, 1916,
1918,...1929,...1945,...1967,..., 1999. Cet album nous montre et nous
narre l'histoire d'une maison au fil du XX° siècle. Cette maison,
datée de 1656 sur le linteau de la porte d'entrée, est située dans
un paysage de campagne boisée, des terrasses tout autour.
Abandonnée, puis redécouverte en 1900, une famille va s'installer,
rénover, cultiver, vivre et faire vivre cette maison au fil des
saisons et des années. Le texte écrit en vers, évoque les grandes
douleurs du siècle, les petits bonheurs et les labeurs quotidiens ;
quatre vers nostalgiques et poétiques introduisent chaque
année illustrée.
Les illustrations : comme un plan fixe,
de page en page, on voit la maison et les alentours changer. Tout est
dans le détail : un champ en friche sur une page est labouré sur la
suivante, une terrasse qui s'écroule est relevée plus loin, un
auvent est construit, la niche du chien devient poulailler, etc. Cet
album offre à voir l'atmosphère du XX° siècle. Il donne aussi
l'occasion de revisiter le siècle de manière originale.
Et comme l'a écrit Gaston Bachelard
dans La Poétique de l'espace : " Toute grande image
simple est révélatrice d'un état d'âme. La maison, plus encore
que le paysage, est un état d'âme. "
Cet
album est très original, très beau, et devrait plaire à tous les
jeunes et moins jeunes à partir de 8 ans.
texte de J.Patrick Lewis,illustré par Roberto Innocenti, éd Gallimard ; 2010
texte de J.Patrick Lewis,illustré par Roberto Innocenti, éd Gallimard ; 2010
CHEVAL VETU
Mystérieusement, la silhouette d'un cheval apparaît. On découvre petit
à petit l'animal: il est étrange, il est fort et beau mais épuisé. Il semble
errer, à sa guise, seul sur la plaine, loin des
hommes et des bêtes.
Et c'est la rencontre: « Ils se
trouvèrent dans l'immensité ». La vie du cheval-errant vient de basculer
car il est attiré par Trois Myrtilles, une femelle mustang du troupeau d'une
tribu de comanches.
Les indiens sont
inquiets car ce
cheval, grand et
noir, donc laid,
est caparaçonné pour
la bataille et transporte
des armes. Ils le nomment
« Cheval Vêtu ». Il est rejeté
par Cheval Sacré, la
monture préférée du
chef et ce
rejet va se
transformer en haine, lorsque
le chef, mesurant le courage du
cheval étranger, le choisit pour monture afin d'intimider l'ennemi.
Cheval Vêtu se plie aux demandes des comanches: aller attaquer les
indiens d'une autre tribu, chasser
le bison. Puis,
après avoir sauvé
Trois Myrtilles et
tué son rival
qui l'attaquait
sauvagement, Cheval Vêtu décide
de s'en aller suivi de Trois Myrtilles pour vivre libre.
Dans ce bel
album au format à l'italienne l'auteur nous plonge dans l'univers des comanches
et évoque aussi
l'invasion de l'Amérique
du Sud par
les espagnols. L'on
découvre la vie
quotidienne et la culture comanches.
La narration
est placée du côté des chevaux qui sont de véritables personnages qui
aiment, haïssent et Cheval Vêtu, le héros, a un passé et des souvenirs qu'il
évoque.
C'est une histoire d'amour avant d'être une
histoire de guerriers.
Les thèmes de l'amour, la différence, la guerre
sont évoqués avec délicatesse.
Le texte est cadencé, rythmé.
Le mouvement est présent aussi dans les images
(toujours en pleine page ou même, pour l'une
d'entre elles, en double page), surtout dans les scènes de bataille et
de chasse.
La nature est là avec le ciel et la terre et les
tons utilisés servent à traduire l'atmosphère du récit. Les ocres dorés évoquent la lumière des grandes plaines, les ocres bruns et les
teintes sombres créent une atmosphère plus angoissante.
Il y a beaucoup de force et de poésie dans le texte
comme dans les illustrations.
Auteur: Fred Bernard - Illustrateur: François Roca - Éditeur:Albin-Michel jeunesse, 2005
Auteur: Fred Bernard - Illustrateur: François Roca - Éditeur:Albin-Michel jeunesse, 2005
Dès la première double page, le lecteur découvre trois
textes différents : un dialogue narratif, les pages d’un journal intime et
deux pages d’un roman. Viennent ensuite les illustrations, et les textes de
nouveau, en fragments interrompus, en
partie dissimulés.
Petit à petit, le lecteur doit reconstruire l’histoire
éclatée, bousculé à travers les images illustrant cubes, cartes et autres jeux
d’enfants comme tirés d’une vieille malle au grenier. Surgissent alors, l’Ogre
et Alice de Gustave Doré et quelques héros de Walt Disney.
Au fil du journal intime, apparaissent les journées d’un été
de retrouvailles dans la maison de famille. Le dialogue narratif est celui deux
sœurs qui découvrent la maladie de leur vieille mère dont la mémoire est en
morceaux, bousculée chaotique comme les cubes tombés de la boîte. On peut alors
mieux saisir l’extrait du roman de Yasushi Inoué « Histoire de ma
mère ».
Cet ouvrage est magnifique, il évoque un sujet douloureux
d’une manière très sensible et sans pathos et prouve, s’il en était besoin, que
la lecture d’un album peut se révéler très complexe.
Béatrice Poncelet est
née à Neuchâtel en 1944. Elle étudie les Arts décoratifs en Suisse, travaille
dans plusieurs pays européens, retourne dans son pays où elle est professeur de
dessin puis s’installe à Paris pour y enseigner le cinéma d’animation.
LA RUE QUI NE SE TRAVERSE PAS
C'est
un roman jeunesse très grand format, en hauteur(37,5x19.5).Sur la couverture se
dressent des immeubles sombres très hauts; ils se font face et dans le ciel
,grande coulée claire, vole un oiseau. Ils encadrent la rue ,mais cette rue, en
bas, on ne la voit pas: le décor et le thème de l'histoire sont presque déjà
là.
Dès la
première page (double page) nous survolons une ville, aux toits gris et bruns,
barrée d'une grande raie noire: la rue(et ce sera sa seule représentation).Il y
a des oiseaux et le texte qui présente "elle" et "lui»: ils
n'ont pas les mêmes goûts.
Puis ,
il y a "elle" et "lui" de part et d'autre de cette rue qui
les sépare, qui est un "vide", un "gouffre». Et il y a les
moineaux joyeux qui eux, traversent la rue. Nous entrons dans les appartements
et, entre "elle" et "lui «depuis l'enfance il y a les regards
;puis, au fil des ans et des pages ,ils grandissent et leurs rêves et leur
amour aussi.Les moineaux seront leurs messagers. Ils pourront ainsi échanger
leurs pensées et leurs désirs.
Le
texte, où rêve et réalité se mêlent, est empreint de poésie. Tout est évoqué,
suggéré.
Les
couleurs des illustrations (des bleus, des bruns, des verts) créent une
atmosphère mystérieuse."Elle" et "lui" sont dévoilés
petit à petit: d'abord de dos et simple silhouette, puis de profil et enfin de
face et plus les liens se tissent, plus les couleurs deviennent lumineuses.
Un très
beau texte illustré qui pourra séduire les adolescents.
Auteur:
Henri Meunier - Illustrateur: Régis Lejonc
Editeur: Editions Notari, collection L'oiseau sur le rhino, section Les hérons, 2011
Dans un lointain royaume d’Orient, Nabo le jeune fils du
sultan Naboka est seul au palais. Son père parti, les caprices de plus en plus
insensés du prince tyrannique provoquent la souffrance du peuple et la
dévastation du pays. Le retour du sultan, homme épris de justice et
d’humanisme, marquera la fin de ce délire d’égoïste et l’enfant devra commencer
un long travail afin de reconstruire de tout ce dont il a provoqué la ruine.
Dans un style subtil et poétique,
Hubert Ben Kemoun nous offre un conte sur l’ivresse du pouvoir et les
aveuglements du désir de toute puissance.
Les illustrations pleine page
sont magnifiques, des teintes chaudes mais dans une gamme relativement sombre
qui accentue la gravité du récit.
Cet ouvrage classique dans sa
forme comme dans son propos permettra cependant une réflexion sur un sujet
toujours actuel.
Hubert Ben Kemoun est
né en 1958 en Algérie. Il a grandi et vit à Nantes. Il a publié plus d’une
centaine de livres de littérature jeunesse mais il écrit également des
scénarios pour la télévision, des feuilletons pour Radio France, des pièces de
théâtre et des spectacles musicaux. Il a une prédilection pour le roman
policier.
David Sala est né
en 1973 à Décines. Il est diplômé de l’Ecole d’Art Emile Kohl de Lyon. Il
illustre des couvertures de romans et travaille pour l’édition jeunesse. Le tatoueur de ciel, publié en 2003, était
son premier travail d’illustration pour la littérature jeunesse.
Texte: Hubert Ben Kemoun Illustrations : David Sala Editions Casterman 2003
LE FOU DES FLEURS
Yvelyne Féray nous ouvre les
portes d’un jardin secret de la Chine ancienne. Nous y rencontrons un vieux
jardinier si jaloux de ses fleurs qu’il interdit à ses très rares visiteurs de
s’approcher trop près pour admirer la splendeur des massifs. Pourtant, les
lourdes portes de sa demeure ne résistent pas aux assauts d’un fils de mandarin
et de sa bande de malfrats. Désireux de s’offrir ce jardin luxuriant, le vaurien
use d’une extraordinaire violence pour assouvir son désir. Heureusement, la Fée
des Fleurs veille…
Dans cette adaptation d’un conte
chinois, l’auteur allie la délicatesse poétique de la langue à une narration
vivante et pleine de rebondissements.
Les illustrations évoquent
évidemment les estampes. Les harmonies
de couleurs sont d’une grande richesse, bleus et rouges somptueux, les
graphismes très délicats. Ils sont rehaussés, sur certaines planches de
collages de pétales de fleurs. Le choix des polices de caractère ajoute à
l’élégance de l’ouvrage.
Yvelyne Féray est
née en Bretagne. Elle est romancière, historienne et ethnologue. Après des
études supérieures, elle devient journaliste puis enseignante au Cambodge. Elle
s’installe ensuite au Viet Nam et publiera un roman historique sur la Chine et
le Viet Nam du XVème siècle qui est un ouvrage de référence.
Anne Romby est né
en Picardie en 1959. Après les Beaux Arts de Reims, elle entre aux Arts
Décoratifs de Strasbourg où elle obtient un diplôme de gravure et illustration.
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