Exils
La collection « Français d'ailleurs » aux éditions Autrement
C'est une
collection de docu-fictions sur l’histoire de l’immigration en France, pour les
enfants de 9 à 13 ans, éditée par Autrement en collaboration avec le Musée de
l’histoire de l’immigration.
Elle est
un prolongement de la collection pour adultes « Français d’ailleurs, peuple
d’ici », (éditions Autrement 1995).
11
titres ont paru entre 2007 et 2013 ; à travers l’histoire d’un enfant et
de sa famille, une période précise de l’histoire de l’immigration en France est
évoquée : souvenirs, anecdotes sur le pays d’origine de l’enfant, son
périple, la France qu’il découvre font l’objet de chaque album.
De
nombreuses et belles illustrations très colorées accompagnent le récit ainsi
qu’un cahier documentaire, sur la période abordée dans l’histoire.
L’auteur
de tous les albums est Valentine Goby, avec différents illustrateurs : Ronan
Badel, Olivier Tallec, Philippe de Kemeter.
Réédition de 6 titres en 2016
Les livres qui ne sont pas dans le bulletin :
Lyuba ou la tête dans les étoiles : Les Roms, de la Roumanie à l’Ile-de-France
Lyuba est une jeune
fille de 14 ans qui arrive en banlieue parisienne en 2010, avec sa famille. Ils
ont fui la misère en Roumanie, mais leur souhait est de gagner de l’argent pour
y retourner et bâtir une maison.
Lyuba raconte la vie
dans le bidonville, les rapports difficiles avec les autorités, les complexités
administratives pour obtenir le droit de séjour, les différences culturelles
qui sont autant de sources d’incompréhension réciproques et de difficultés
supplémentaires.
Auteure :
Valentine Goby, Illustrateur : Ronan Badel, Collection : Autrement
Jeunesse, 2012
FRÈRES D'EXIL
Les habitants
d’une île sont menacés par la montée de l’océan ; Nani et sa famille vont devoir partir. Où ?
« qu’importe [ …] là où la
terre se tient ».
Au moment du
départ le grand-père, qui ne partira pas car il est en fauteuil, tend à Nani
des lettres : «Ça, ce sont des
lettres de moi pour toi […]. Des lettres que je t’ai écrites en avance pour
quand tu en auras besoin. Des lettres à lire et à relire. Des lettres pour
toute ta vie, Nani ! »
Kochka a
écrit un roman très juste sur les difficultés de s’exiler, partir vers l’inconnu et tenter
de trouver un autre environnement
accueillant.
Elle détaille
les préparatifs, la marche éperdue jusqu’au port ; « c’est le moment, sauve qui peut, de courir sans rien emporter »
sous la pluie battante « comme des
petites fourmis devant la nature en grande colère qui les dépasse ». Puis
c’est la traversée à bord d’un paquebot
puis l’accueil dans un campement et enfin l’installation dans un village du sud
de la France …
Kochka est
résolument optimiste dans sa narration ; elle écrit dans la préface : « Fasse
alors que les mieux lotis aient toujours la sagesse d’accueillir leurs frères,
sous peine de voir leur humanité se réduire et leur cœur ressembler à une peau
de chagrin. »
Les lettres
du grand père sont présentées sur fond bleu et rythment les jours d’installation ; Nani
les lit avec un ami devenu orphelin
pendant la traversée et engrange les souvenirs de son île… « n’oublie jamais d’où tu viens mais va ! »
Les illustrations de Tom Haugomat au style très personnel sont peu
nombreuses et toujours pertinentes ; elles résonnent avec la tonalité (au
propre et au figuré) des lettres du grand-père ; l’illustrateur a dit par
ailleurs : « avec le moins de
couleurs possible, j’essaye de donner le plus de profondeur au dessin. Je
travaille souvent avec des couleurs qui se superposent. Un bleu et un rose qui
produiront un marron… C’est une contrainte intéressante et assez créative."
Site : »www.lm-magazine.com/blog/2014/09/03/tom-haugomat
Lecture à partir de 13 ans.
Auteur : Kochka –
Illustrateur : Tom Haugomat - Editeur :Flammarion jeunesse 2016
Enfants d'ici, parents d'ailleurs
Histoire et mémoire de l'exode rural et de l'immigration
Dans ce grand documentaire de 143 pages quinze enfants d'origines différentes, qui vivent en France , présentent l'histoire de leurs familles qui sont venues d'ailleurs.Cet ailleurs peut être proche lorsqu'il est question de mouvements de population depuis la campagne française jusqu'aux grandes villes du pays.Il peut être plus lointain quand il s'agit des déplacements depuis les confins de l'Europe ou depuis l'autre côté ses océans.
Chaque enfant " raconte son histoire familiale et sa vie quotidienne. Son récit évoque ses origines, sa culture, des fragments de mémoire: ici, là-bas, hier et aujourd'hui."(p.8).Chaque récit s'insère dans cinq grands chapitres de 1850 à aujourd’hui: à partir de 1850 :des champs à la ville; de 1880 à 1945: de l'usine à la guerre; de 1945 à 1975: du chantier à la crise; de 1975 à 2000: familles et réfugiés; depuis 2000: aujourd'hui.
Chaque chapitre est divisé en 2 parties: le récit de l'enfant et le contexte historique .S'ajoutent des lettres et témoignages des déracinés sur partir, voyager, travailler, apprendre, se loger.
Dans une dernière partie , intitulée "Annexes" sont présentés des" questions -réponses et des textes de lois qui permettent de mieux comprendre les mots et les enjeux actuels de l'immigration( intégration, discriminations, naturalisation, laïcité...)" p.9
L'ouvrage s'achève par une double page bibliographique: «Des romans pour mieux comprendre l'immigration" et par un index.
Ce documentaire propose une information très riche et formulée très clairement.Les textes sont accompagnés de cartes géographiques, de frises chronologiques, d'encadrés historiques.
Les cinq illustrateurs ont produit une illustration très variée avec des images d'archives, des photos, des dessins, des affiches.
C'est un documentaire intéressant et original qui replace l'immigration dans l'histoire. "Il suscite les questionnements et invite au dialogue "( 4ème de couverture)
Auteure: Carole Saturno. Illustratreurs et illustratrice: Olivier Balez, Fabienne Burckel, Bertrand Dubois, Gérard Dubois, Renaud Perrin .
Editeur: Gallimard jeunesse, collection Terre urbaine , 2008
Le jeu des sept cailloux
C’est un petit album aux tons chauds qui nous emmène
dans l’univers de Larissa, une jeune femme réfugiée en France. Elle est
enceinte et parle à son bébé. Grâce à ce monologue, nous suivons le chemin de
vie de la jeune femme et de ses proches depuis leur exil de Tchétchénie pour
fuir la guerre, jusqu’à Rouen.
Le texte est magnifiquement illustré par Zaü. Il
émane à la fois de la douceur, de l’énergie et une grande fragilité des
illustrations réalisées dans une association de pastels et d’encre.
Ce récit n’est pas une fiction, l’histoire de
Larissa a été recueillie par le Collectif Solidarité Antiraciste et pour
l’Egalité des droits de Saint-Etienne-du-Rouvray (76).
Auteur : Dominique Sampiero,
Illustrateur : Zaü, Editions : Grasset-Jeunesse, Collection Lampe de
poche, 2010
SI TU M'AVAIS RACONTE
Dans ce roman, deux récits sont menés en parallèle.L'un narre le présent léger d'une jeune adolescente, Chloé, qui passe ses vacances d'été en Ardèche, en 2000, auprès de ses grands- parents qu'elle adore.
L'autre, est le récit grave et lourd du passé de son grand-père, Manuel, depuis 1936, en Andalousie, quand éclate la guerre civile en Espagne, jusqu'en 1958 lorsque, enfin gracié, il retourne sur la terre espagnole pour revoir sa famille.
C'est un pan de vie d'un jeune homme de dix neuf ans qui s'engage et combat auprès des républicains espagnols. Puis c'est l'exil en France, les camps d'internement , la peur, la misère, la mort. Enfin la vie recommence en 1942 après son mariage en Ardèche.
Les deux récits à la première personne sont présentés en alternance mais Manuel ne raconte pas ce qu'il a vécu à sa petite-fille qui regrettera de n'avoir pas pu échanger avec lui .
Ce livre est le récit bouleversant d'un exil .C'est l'histoire d'une famille avec ses secrets. C'est aussi un hommage à ceux qui luttent pour la liberté.
Le lecteur est touché par l'adolescente et par la jeune femme qui reprend la plume en 2010, dix ans après la mort de son grand -père, pour lui dire combien elle l'admire, combien elle l'aime.
Auteure :Marie Sauzon. Editeur:Oskar,2015
Dans la même thématique chez Oskar editeur: Un figuier venu d'ailleurs- La Retirada de Michèle Meyer 2009
Là où vont nos pères
Muet sur plus de 100
pages, cet album nous fait approcher l'itinéraire d'un migrant. Un homme quitte
femme et enfants et arrive dans une civilisation qu'il ne connaît pas et ne comprend pas.
C’est l'histoire de tous les immigrés, tous les réfugiés,
tous les exilés, et un hommage à ceux qui ont fait le voyage...
Grâce à la beauté des dessins dans des teintes sépia et l’agencement des vignettes, l’ambiance fait ressentir, presque physiquement, le déracinement et l'incompréhension.
Grâce à la beauté des dessins dans des teintes sépia et l’agencement des vignettes, l’ambiance fait ressentir, presque physiquement, le déracinement et l'incompréhension.
« Ce livre est en
fait basé sur des faits avérés, racontés par plusieurs immigrés. Mon intention
était d'essayer de combiner tous ces voyages en une seule histoire universelle,
qui pourrait transcender toutes spécificités linguistiques, culturelles,
temporelles ou géographiques. Mon intérêt pour ce sujet vient des histoires que
mon père me racontait sur son voyage depuis la Malaisie vers l'Australie, puis
s'est élargi vers l'immigration de manière plus générale. Je me suis
particulièrement intéressé aux histoires d'immigrés voyageant vers New York au
début du 20ème siècle, pour fuir la guerre, l'oppression et la pauvreté en
Europe. Ce fut 4/5 ans de travail…… »
Shaun TAN
Auteur : Shaun TAN, Edition Dargaud 2007
Shaun TAN est un
auteur de bande dessinée et illustrateur australien. Il travaille aussi dans
des studios de dessins animés (Toy Story, Les Indestructibles, L'Âge de
Glace...).
LES LIVRES DU BULLETIN :
DEMAIN JE REVIENDRAI
Dans cet album tout est là dès la couverture : une main d'homme dessinée qui s'agrippe à des fils de fer barbelés, un petit bout de papier froissé et déchiré sur lequel est inscrit le titre en caractères cursifs: " Demain, je reviendrai ".
Tout au long de ce livre des mains dessinées (d'un africain ?) racontent l'histoire d'un jeune homme qui s'adresse au lecteur par des messages écrits sur des pages froissées et chiffonnées d'un calepin. On découvre ainsi le témoignage d'un jeune homme qui quitte son pays pour pouvoir aider sa famille à survivre. Il fuit les conflits. Il veut aller vers la liberté.
Il dit les souffrances de ce long voyage plein de dangers. La dernière image permet de comprendre de qui il s'agit et de découvrir ce qui va lui arriver.
Dans cet album les illustrations sont sobres et très fortes. Les mains-symboles dessinées au crayon et aux pastels secs, mélange de noir, de blanc, d'ocre, disent tout : le poing serré dit la détermination, les mains qui tiennent une fleur disent l'espoir...
Le texte, qui se réduit à des phrases courtes écrites, comme à la hâte, sur des papiers déchirés et froissés, est émouvant.
Les espoirs de ce jeune immigré sans papier nous touchent.
Ce livre a été édité en partenariat avec le Réseau d'éducation sans frontières.
Tout au long de ce livre des mains dessinées (d'un africain ?) racontent l'histoire d'un jeune homme qui s'adresse au lecteur par des messages écrits sur des pages froissées et chiffonnées d'un calepin. On découvre ainsi le témoignage d'un jeune homme qui quitte son pays pour pouvoir aider sa famille à survivre. Il fuit les conflits. Il veut aller vers la liberté.
Il dit les souffrances de ce long voyage plein de dangers. La dernière image permet de comprendre de qui il s'agit et de découvrir ce qui va lui arriver.
Dans cet album les illustrations sont sobres et très fortes. Les mains-symboles dessinées au crayon et aux pastels secs, mélange de noir, de blanc, d'ocre, disent tout : le poing serré dit la détermination, les mains qui tiennent une fleur disent l'espoir...
Le texte, qui se réduit à des phrases courtes écrites, comme à la hâte, sur des papiers déchirés et froissés, est émouvant.
Les espoirs de ce jeune immigré sans papier nous touchent.
Ce livre a été édité en partenariat avec le Réseau d'éducation sans frontières.
Auteure: Karine Epenoy, Illustratrice : Séverine Blondel Salomon, Editeur : L'atelier du poisson soluble, 2013
LA ROBE ROUGE DE NONNA
Nonna raconte à sa petite fille qui la questionne, pourquoi sa famille a quitté l'Italie, pour venir en France. Son récit mêle des bribes d’italien et des chants. ….Son père, épris de justice et de liberté, s’opposait au pouvoir et refusait la religion catholique imposée ; il se réunissait avec ses amis ouvriers et chantait des chants révolutionnaires dont "Bella ciao", ensemble ils luttaient contre les "chemises noires" militants fascistes qui, armés de gourdins, faisaient régner la terreur par la violence… jusqu'au jour où ces fascistes s'en sont pris à Nonna, sa petite fille, à qui ils ont demandé de quitter la robe rouge dont elle était vêtue … elle s'est ainsi retrouvée en culotte en pleine rue, humiliée !
Cet événement a décidé son père à quitter ce pays qu'il aimait. Ils ont laissé derrière eux la désolation, la terreur. Ils sont allés vers une terre d'accueil lumineuse, la France,
Des illustrations superbes, en pleine page, soulignent le mouvement et accompagnent le récit. Les couleurs sont parlantes par leur symbolisme : le rouge pour le communisme, le noir pour les chemises noires des fascistes et le bleu pour un avenir meilleur.
La page de couverture, représente la grand-mère petite fille, pleine d'espoir, légère par rapport aux loups de la quatrième de couverture qui représentent le danger du fascisme.
A la fin de l'album, on trouve les paroles du chant" Bella ciao" avec sa traduction et une page qui informe sur l'origine de l'histoire racontée et sur la période du fascisme en Italie.
Auteur : Michel Piquemal, Illustratrice : Justine Brah, Editions : Albin Michel Jeunesse, 2013
EUX, C’EST NOUS
Une quarantaine d’éditeurs jeunesse se sont regroupés pour publier ce court ouvrage dont les ventes sont reversées intégralement à la CIMADE (association de solidarité avec les migrants, les réfugiés et les demandeurs d’asiles).Conçu comme un mini lexique, cet ouvrage apporte des informations sur des notions clefs. Jessie Magana et Carole Saturno ont écrit 8 courts textes à partir des 8 lettres formant le mot REFUGIES. R comme Réfugiés, E comme Etranger, F comme Frontières, U comme Urgence, G comme Guerre, I comme Immigration, E comme Economie, S comme Solidarité. Daniel Pennac signe l’introduction et en appelle à l’intelligence et à la mémoire pour ne pas céder aux réactions de peur et de rejet mais au contraire s’inscrire dans une tradition d’aide et d’accueil.
Auteurs : Daniel Pennac, Jessie Magana et Carole Saturno. Illustré par Serge Bloch.Editeur : Les éditeurs jeunesse avec les réfugiés, 2015